Mobilités durables : le facteur humain en fil conducteur

Pour vos salariés comme pour nombre de français, le covoiturage représente encore uniquement une solution de rechange. Alors, pour s’engager sur le chemin des mobilités durables, il est primordial de ne pas s’atteler qu’aux seuls aspects techniques mais bien de faire évoluer les mentalités. Comment opérer le changement ? Pourquoi l’autosolisme est-il encore tant plébiscité ?  Quelles sont les bonnes pratiques pour inciter vos salariés à se déplacer autrement ?

Privilégier l’humain pour concevoir une technique efficace

Ce matin, la voiture de l’un de vos collaborateurs est tombée en panne. L’occasion pour lui d’opter pour le covoiturage, le temps que son véhicule soit réparé. C’est un premier pas, mais serait-il prêt à le refaire ? Pas si sûr…  

On pense souvent que le choix d’un mode de transport est rationnel. Suivant cette logique, il est tentant d’opter pour des actions concrètes rendant la voiture moins attractive :

  • la mise en place de contraintes économiques pour faire baisser sa rentabilité : augmentation des charges, développement des péages urbains, etc. Il en va de même pour l’augmentation du temps de trajet avec des voies dédiées aux bus ou des zones limitées à 30 km/h par exemple.
  • Une promotion des autres modes de déplacement : aménagements de la voirie, baisse des tarifs des transports en commun, etc.

Mais ces mesures suffiraient-elles à convaincre l’usager de délaisser son véhicule personnel au profit d’un mode de transport plus vert ? Plusieurs décennies de tentatives ont démontré que non. L’enjeu est donc de comprendre les comportements, et non pas de se contenter de supposer la rationalité des conducteurs. Souvenez-vous que les habitudes ont la peau dure ! Il s’agira certes de présenter à vos salariés les bénéfices immédiats des mobilités durables, mais au bon moment. Afin qu’ils soient à même, malgré leurs habitudes, de recevoir l’information. 

📍À retenir 

L’approche technique est nécessaire mais doit être construite comme un moyen d’accompagner les usagers à changer leur comportement. C’est pourquoi elle ne doit pas être déconnectée des pratiques.Le changement est un processus qui nécessite du temps et des étapes. Il ne s’agit en aucun cas d’une décision immédiate.

Autosolisme : déconstruire le mythe 

Les choix d’aménagement des territoires dans les années 70 continuent d’influencer nos comportements en matière de mobilité. Conception des zones d’habitation, des loisirs ou des commerces, mauvaises dessertes des transports en commun…  Les mesures prises à l’époque ont construit la dépendance à l’automobile dont nous observons aujourd’hui les limites.  

Ce n’est pas tant la voiture en elle-même à laquelle votre salarié est attaché, mais au système de mobilité construit autour d’elle.

Si la voiture est toujours autant plébiscitée, c’est donc pour la facilité qu’elle représente,  la relation affective qui existe entre le conducteur et son véhicule, ainsi que le sentiment de liberté et le statut social qu’il lui procure. 

Sans compter sur un fort enjeu identitaire : la voiture est souvent perçue comme un prolongement de son identité, une extension de son intimité. Lui demander de choisir le covoiturage l’expose aussi à une mixité sociale qui peut dans un premier temps faire naître un certain inconfort.  À noter enfin que l’autosolisme est souvent la conséquence d’une méconnaissance des autres options qui s’offrent aux automobilistes. Alors, face à ces habitudes et ces idées reçues, la mobilité durable est loin d’être évidente et exige une réelle conduite du changement des comportements.

Mobilités durables : de la théorie à la pratique

Concrètement, comment changer les comportements ? Des paroles aux actes, il n’y a qu’un pas… et plusieurs étapes clés.

En résumé : changer les comportements en 3 étapes

  • Reconsidérer les attitudes existantes, lutter contre les automatismes et la non-conscience de faire un choix. 
  • Mettre en avant les avantages de la mobilité durable par rapport à l’autosolisme : les bénéfices directs, la valeur sociale et la facilité d’usage. 
  • Faciliter le passage à l’acte à travers des actions concrètes et en laissant la liberté de choix aux personnes.

Tout commence par un état des lieux. Décisionnaires, vous devez être conscients des contraintes perçues par les individus et des options qui sont à leur portée. Demandez aussi à vos collaborateurs de partager entre eux leurs expériences personnelles en termes de mobilité : il est primordial de partir du vécu de l’usager

L’étape suivante consiste à organiser des ateliers et espaces d’échange pour amener vos salariés à être attentifs au sujet, à prendre conscience de leurs options et à reconsidérer leurs présupposés. 

Pensez enfin à mettre en place un accompagnement personnalisé, grâce à des entretiens axés sur l’analyse de la mobilité de chacun. Ils permettront de se rendre compte des possibles, en comparant différents modes de mobilité, en étudiant les itinéraires, etc.

📍 À retenir !

N’hésitez pas à proposer plusieurs approches différentes en termes de méthodes ou de solutions de mobilités envisagées, pour toucher les collaborateurs et les embarquer dans le projet. Chacun y trouvera ainsi le point d’entrée correspondant à ses pratiques et à son fonctionnement personnel.

Afin d’obtenir l’adhésion de vos collaborateurs, il est indispensable d’associer différents types d’arguments en faveur de la mobilité durable :

  • les bénéfices écologiques (indispensables mais insuffisants) ;
  • les bénéfices économiques (décisifs pour l’usager) ;
  • le besoin de socialisation.

Portez aussi une attention toute particulière à la réassurance de vos salariés quant à la pérennité de la solution que vous leur proposez.

Il est désormais temps de passer à l’action par le biais de « déclencheurs ». Le but ? Engager vos collaborateurs et gagner en visibilité. L’allocation de places de parking dédiées ainsi que l’organisation de journées d’expérimentation sont des déclencheurs, souvent bien plus efficaces que le partage d’information ou la publicité.

N’oubliez pas que votre parole d’employeur compte ! Il est important de mettre en avant l’engagement de l’entreprise sur les questions de mobilités durables, et de la positionner comme un vecteur de valeur. Il ne s’agit pas nécessairement d’influer sur le choix personnel du salarié mais de parler de l’entreprise, de son fonctionnement et de la manière dont le salarié peut y prendre part.

 

Le covoiturage comme un plan B ? Plus maintenant ! Il est urgent de faire évoluer les mentalités pour développer l’idée que le covoiturage est un mode de déplacement à part entière. Faire naître cette idée dans l’esprit de l’usager, c’est un premier pas décisif. Dès lors, tout est possible si les bonnes conditions sont réunies et si votre entreprise est capable d’assurer un accompagnement adapté par la suite. Faites confiance à vos collaborateurs, car ils sont capables de bouleverser leurs habitudes… à condition d’avoir toutes les cartes en main !